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Les addictions, on en parle ?

En 20123,  je me suis retrouvée seule, avec mes 3 filles de 4, 7 et 11 ans, je me suis dis que je devais être forte. Que je devais jouer à la maman ET au papa (oui les papas sont plutôt discrets dans notre vie de famille).

Et pour ça, je me suis racontée l’histoire qu’une femme forte, ne montre pas ses émotions, doit encaisser les aléas du direct avec abnégation, en silence et avec le sourire si possible.

Pour m’y aider, j’ai petit à petit dis oui à diverses petites « manies » (addictions?).

Oh rien de bien grave, rien d’illicite, ni d’irréversible (quoi que). Mais juste ce qu’il faut pour empêcher l’expression de mes émotions.

Juste ce qu’il faut pour que mon aînée apprenne par mimétisme à ne pas montrer ce qu’elle ressent.

Juste assez pour ne pas regarder en face les vrais sujets tels que la solitude, le rejet, le manque de confiance et d’estime de soi, mon manque de respect pour moi même.

Quand mon mari est parti, c’est un paquet de tabac oublié par une copine à la maison qui m’a fait de l’œil. Ça faisait 10 ans que j’avais arrêté, j’allaitais. Pas question d’y retourner. Mais les assos de soutien à l’allaitement disent qu’il vaut mieux une maman qui fume quelques clopes après la tétée, donc « sereine », qu’une maman super stressée parce qu’elle peut pas fumer.  

J’étais une cinglée de l’allaitement à l’époque, ça m’a bien arrangé de savoir ça parce qu’ un soir de trop de déprime, j’ai roulé ma première clope  depuis 10 ans… et en cachette des enfants, comme je l’avais fais en cachette de mes parents … j’ai fumé ce paquet de tabac (pas en une seule fois ! ), chaque fois que j’avais envie de pleurer, je fumais, ça passait.

Les années ont passées comme ça, je n’ai jamais eu vraiment de mal à arrêter.

Quand arrivait l’été, j’avais la cigarette mondaine et je repartais pour un tour.. Mais depuis 15 ans, je n’ai pas réussi à arrêter plus de 2 ans et j’ai un inhalateur pour asthmatique dans la poche maintenant…

Puis l’alcool est arrivé. J’ai arrêté de boire dès ma 1e grossesse, j’ai repris tranquillement après ma première séparation. 

Les coups entre copines, les soirées en célibataire. Le petit verre mondain, qui fait tourner la tête et réchauffe le corps ; celui qui désinhibe et ouvre les conversations.

Avec le père de ma dernière (qui lui avait clairement d’autres addictions) l’alcool est arrivé, insidieusement, tout doucement. Le plaisir de boire quelques verres pour la convivialité ou juste pour se sentir planer, et oublier, s’anesthésier du mal être que je ressentais depuis si longtemps, la relation de couple avec cet homme était difficile. Nous ne nous comprenions pas, les blessures du passé étaient là.

Ça me renvoyait à l’échec de mon précédent mariage : trop douloureux à traverser, trop frais. Il fallait anesthésier tout ça, boire un peu, puis un peu plus le soir une fois les enfants couchées, monsieur était sur son ordinateur. C’était facile.

Heureusement, la vie – toujours bienveillante envers moi – a mis sur ma route des hommes alcooliques (des vrais, qui fréquentaient les alcooliques anonymes et qui se réveillaient avec des tremblements).

J’a pû comprendre à temps le mécanisme de cette addiction, voir que c’est (à mon sens) la plus pernicieuse, et celle dont on ne sort jamais et qui peut venir chercher n’importe qui, il n’y a pas besoin d’avoir de failles pour tomber dans l’alcool tous les jours.

J’ai alors pris la décision de ne plus acheter d’alcool et de ne jamais boire seule. Je me suis tenue à cette règle de vie, jusque là.

A cette époque, je continuais de me raconter que je ne devais pas vivre pleinement mes émotions (celles à connotations « négatives », la colère, la tristesse, le désespoir, la déception etc)  parce que ça allait faire peur aux enfants. Il a bien fallut continuer de compenser, le plus difficile était le soir. J’ai toujours eu peur du soir, d’aller me coucher. La solitude est juste TERRIBLE chez moi (j’en parle dans un de mes podcast ). 

Les sites de streaming sont arrivés, je vous laisse imaginer la suite. Il m’est arrivée d’aller travailler après 3h de sommeil, parce que j’avais passée la nuit au XVIIIe  en Costumes à vivre par procuration des folles aventures…. 

Un jour j’ai dis stop !! il fallait que ça s’arrête, je voyais que j’y laissais ma peau. J’avais envie de me mettre à mon compte et ce fonctionnement bloquait toute création et mes filles n’allaient pas très bien. Elles me montraient qu’il était temps que je regarde VRAIMENT mes zones d’ombres.

Que me disait cette envie « d’anesthésie » . Je me suis fait accompagner (beaucoup) et depuis quelques semaines (après plusieurs années sur ce dossier quand même). J’ai réussi à faire émerger la blessure d’enfance qui avait besoin d’être regardée.

Elle était bien cachée et la regarder, la reconnaître, lui apporter de l’amour a été bien plus simple et facile que ce que je m’imaginais…. 

Alors, si toi aussi tu vois que tes petites addictions commencent à devenir grandes, qu’elles te mettent de bâtons dans les roues.

Demande de l’aide, parles-en, sors du silence, la vie est jolie. Le monde et tes enfants ont besoin de toi, telle que tu es. au fond de toi.

Des solutions existent pour écrire les nouveaux chapitres de ta vie à l’encre « sympathique ». ❤️❤️❤️

C’est la nourriture qui a pris le relais. Les paquets de gâteaux achetés et mangés en cachette des enfants.  

Chaque petite manie était remplacée par une autre : en vrac il y a eu :

• les sudoku (eh oui…)

• lire, lire, lire, lire 

• les séries 

• Les réseaux sociaux

• les écrans, les écrans, les écrans…..

• mon téléphone, juste la continuité de mon bras (ce que je reproche à mes ados…)

• le crochet, le tricot, la couture,

• les mots fléchés, etc

Mais tout ça n’est qu’un leurre, parce que concrètement, ça m’emmenait tellement loin de mes émotions !!

J’étais à l’ouest pour m’occuper de mes filles (trop fatiguée, l’esprit trop occupé à réfléchir à qu’est-ce que je peux inventer pour sortir fumer sans que mes filles me voient. Vite coucher les enfants pour avoir mon moment de grignote, oublier de préparer à manger (à l’heure habituelle) parce que prise dans un polar. louper l’heure de sortie d’école, pour cause de mots-fléchés…

Attention, on dirait que c’était comme ça en permanence. Non, c’était comme ça quand les émotions étaient trop fortes. Le reste du temps j’assurais !

Je rappelle que mon objectif (inconscient) était de ne pas traverser mes émotions, pour pouvoir m’occuper de celles des filles (cherchez l’erreur?)

Il y a quelques temps, je me suis dis que je devais sortir de cette spirale anesthésiante. Je me suis fais accompagner (coach, thérapeute, accompagnatrice spirituelle) et j’ai accepté d’apprendre à vivre mes émotions (non sans peine, c’est un « work in progress » qui va durer toute ma vie).

J’ai pris des décisions drastiques :

• plus d’abonnement vidéo, sous quelque forme que ce soit (il reste la vidéothèque de la bibliothèque municipale, et les sites des télévision, c’est suffisant).

• Plus de petits gâteaux (j’ai développé des intolérances alimentaires).

• Plus de réseaux sociaux, sauf pour une utilisation pro.

• Plus d’alcool seule (mais ça c’était déjà le cas depuis longtemps).

• Plus de cigarettes (celle partagée entre amis a la dent dure quand même).

• Plus d’application de sudoku sur le téléphone.

• Plus de bouquin prenant sauf à lire le soir avant de dormir.

etc.

Attention, ces décisions n’ont pas toutes été prises en même temps. Chacune a été réfléchie, discernée et arrêtée, une à la fois.

Et je retombe régulièrement. Puis je me relève, forte de cette chute et de son apprentissage. j’ai appris à me regarder avec bienveillance et à accueillir sans jugement mes parts d’ombre.

à présent, j’ai décidé de prendre ces envies comme des indicateurs, je pourrais dire que ce sont comme des « copines ». Elles sont là pour me dire «VIGILANCE ! tu dois prendre soin de ce que tu vis intérieurement et ne pas retomber dans la stratégie d’anesthésie » .

Et là où je me suis bien plantée depuis le début, c’est que depuis que je regarde, accueille et traverse mes émotions : je vais bien mieux, mais mes filles aussi vont bien mieux !! c’est peut-être pas trop tard pour que mes 2 suivantes apprennent des erreurs de leur maman ?

Et toi ? c’est quoi l’histoire que tu te racontes, et tes stratégies d’évitement pour ne pas regarder en face ce qu’il y a à accueillir avec douceur et amour pour toi ?

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